La Fondation Scelles publie sa Revue de l’actualité internationale de la prostitution – édition 2020, soit près de 1.200 articles collectés quotidiennement pendant l’année. Dans le contexte de la crise pandémique et des confinements successifs qu’elle a provoqués dans tous les pays du monde, quelle place les médias ont-ils accordé à la prostitution ? Comment les personnes en situation de prostitution ont-elles traversé cette épreuve ? Quelles évolutions du phénomène les médias ont-ils perçues ? Face à un phénomène évolutif et mouvant comme la prostitution, l’analyse de l’actualité, jour après jour, est l’outil indispensable pour détecter et anticiper les tendances.
Des personnes prostituées jetées à la rue par les bordels qui les exploitent en Espagne et en Allemagne, des personnes prostituées « abandonnées à leur sort », sans papiers et sans abri, « laissées pour compte », en « grande précarité », oubliées des pouvoirs publics… Les personnes en situation de prostitution ont été frappées de plein fouet par la pandémie de la Covid-19. Les confinements successifs et les risques de transmission du virus ont imposé l’arrêt de l’activité prostitutionnelle. Privées de ressources et exposées à la maladie, la dégradation des conditions de vie des personnes en situation de prostitution a été massive, voire violente, en France comme à l’étranger.
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Nous tenons à féliciter l'ensemble des participant.e.s, Phéline, Pierre-Henri, Julie, Clémence, Léo, Thomas et Fanny, de l'Ecole Supérieure de Journalisme de Lille pour le professionnalisme, l'engagement et l'investissement dont ils-elles ont fait preuve pour les travaux de cette année consacrés à la thématique « Procès et Proxénétisme ». 4 podcasts abordant les sujets de La rupture de l’emprise chez la personne prostituée envers son proxénète ; Proxénétisme : les communes belges, humanistes ou opportunistes ? ; Les sites d'escorting : Proxénètes 2.0 ? ; Proxénétisme conjugal, l'exploitation par l'homme de " sa femme ".
Après les votes effectués par le bureau de Conseil d'Administration de la Fondation, les permanents et bénévoles, la Fondation Scelles a décidé de remettre 2 prix jeunes 2020-21 contre l'exploitation sexuelle.
Ce Podcast nous a marqué par sa qualité et sa clarté à décrire la construction et déconstruction du mécanisme de l'emprise chez la personne prostituée en soulignant le travail de longue haleine de l'accompagnement des victimes jusqu'au procès, l'immense courage dont elles doivent faire preuve pour se sortir de cette emprise et avancer. Les multiples témoignages recueillis contribuent à mettre en perspective une situation extrêmement complexe et montrent l'impérieuse nécessité aujourd'hui d'accélérer la mise en oeuvre de la loi notamment en donnant plus de moyens à la justice pour raccourcir la durée entre le dépôt de la plainte et le procès, la nécessaire mise à l'abri des victimes pendant toute cette attente et le renforcement des moyens d'actions des associations qui les accompagnent pour ne laisser personne sur le bord du chemin.
Ce podcast a mis en lumière un aspect du proxénétisme qui, s'il n'est pas aujourd'hui clairement défini juridiquement et peu évoqué par les médias, n'en demeure pas moins une réalité bien présente dans les profils des personnes prostituées rencontrées par nos associations." Peu de personnes rentrent dans la prostitution sans qu’à un moment ou à un autre une autre personne les y aient poussées. Souvent c’est le petit copain ", le mari, le concubin, le conjoint etc... Le proxénétisme conjugal apparait comme une étape toujours plus sordide du continuum des violences faites aux femmes contre lesquelles nous devons plus que jamais rester mobilisé.e.s.
Aujourd'hui, 2 juin 2021, journée du souvenir des personnes prostituées assassinées #IDR21, la Fondation Scelles pense très fort à GINKA... Et à toutes les autres. Le 22 novembre 1999, un "client" prostitueur poignardait à de multiples reprises cette jeune femme de 19 ans originaire des Balkans. Pour lui voler son sac parait-il. Le corps de Ginka fut retrouvé peu après les faits, sur un vieux matelas, près d'une déchetterie.
Arrêté, l'auteur de ce crime ignoble a depuis été reconnu coupable et incarcéré. A l'époque, ce décès avait fait la une des journaux, secoué l'opinion, provoqué une marche silencieuse de protestation, poussé un écrivain à en faire un livre et puis... Et puis plus rien. Les meurtres ont continué, les agressions, les viols, les violences de toutes natures. Mais toujours envers les mêmes : les personnes prostituées, les premières victimes d'une exploitation sans limites. Toujours par des hommes, des proxénètes, des « clients » prostitueurs...
La loi 2021-478 «visant à protéger les mineurs des crimes et délits sexuels et de l'inceste » vient d'être adoptée en seconde lecture à l'Assemblée nationale. Quels changements va-t-elle apporter à la lutte contre la prostitution des mineur·e·s ?
La mesure-phare de la loi « visant à protéger les mineurs des crimes et délits sexuels et de l'inceste » adoptée par l'Assemblée nationale le 15 avril dernier, est l'instauration d'un âge de non-consentement en deçà duquel tout acte sexuel entre un adulte et un·e mineur·e de moins de 15 ans est présumé être contraint. De ce fait, la prostitution d'un enfant de moins de 15 ans sera considérée comme un viol, et les peines encourues seront les mêmes pour le proxénète comme pour le « client » (qu'il soit majeur ou mineur) d'une personne prostituée de moins de 15 ans : jusqu'à 20 ans de réclusion criminelle et de 3 000 000 euros d'amende.
A l'occasion du 5e anniversaire de l'adoption de la loi du 13 avril 2016, la Fondation Scelles, membre fondateur de la Fédération FACT-S, consacre un numéro spécial de sa newsletter à nos constats et à notre état des lieux de la mise en œuvre de la loi.
Le 13 avril 2016, la France se dotait d'une loi historique qui la mettait enfin en conformité avec sa position abolitionniste, en abrogeant le scandaleux délit de racolage qui pénalisait toujours les personnes prostituées. Progressiste, féministe, humaniste, cette loi marque un progrès civilisationnel et une étape clé dans la lutte pour l'égalité entre les femmes et les hommes.
Cinq ans plus tard, les principales associations de terrain et des survivantes réunies au sein de la Fédération FACT-S, qui agissent au quotidien auprès de milliers de personnes prostituées, ont fait remonté leurs informations, croisé leurs chiffres et partagé leurs constats. Elles livrent, dans un rapport riche et étayé, une somme d'informations factuelles et d'indicateurs sur la prostitution en France et, sur cette base, formulent 67 recommandations pour atteindre une mise en œuvre homogène et complète de la loi 2016-444 du 13 avril 2016.
Dans un contexte sanitaire où les personnes en situation de prostitution sont encore plus fragilisées, il est urgent que la loi devienne enfin effective sur tout le territoire national, avec des moyens à la hauteur des enjeux. Les conclusions de ce rapport ont d'ailleurs été présentées au comité interministériel de suivi de la loi, organisé en février 2021 par le Ministère chargé de l'Egalité entre les femmes et les hommes.
Les associations de FACT-S demandent :
nous demandons :
· L'application d'urgence de la loi partout sur le territoire et une volonté politique claire de la part du gouvernement
· Davantage de moyens pour libérer et insérer les personnes par des parcours de sortie de la prostitution. Nous voulons 4 000 parcours de sortie par an ! Et que ce dispositif soit amélioré.
· Des campagnes de sensibilisation pour un changement de regard de la société sur cette violence sexiste et sexuelle inscrite depuis 2011, en France, parmi les violences contre les femmes.
· La fin de l'impunité pour les proxénètes et les « clients », en particulier pour les pédocriminels qui achètent des actes sexuels à des mineur.e.s.
· La généralisation de la prévention pour assurer aux jeunes un avenir sans marchandisation des corps.