Les député.e.s du Parlement européen se sont prononcé.e.s en faveur du Rapport d'initiative sur « la prostitution, son impact transfrontalier et sur l'égalité des genres ». En l'état, il ouvre une voie claire à l'abolitionnisme et au modèle nordique en Europe. En faisant le choix d'une évidente réalité d'exploitation à combattre plutôt que celui de l'illusion d'un travail intrinsèquement violent, inencadrable et inopérant, le projet européen vient de rejustifier par cette décision un de ses objectifs premiers : lutter pour plus d'égalité entre les femmes et les hommes et pour plus de justice sociale en faisant passer l'humain avant l'argent. Le corps n'est pas une marchandise. La prostitution est une violence.
Les pays de l'UE, comme le font déjà la France, la Suède, l'Irlande sont appelés notamment à
- Favoriser la dépénalisation des personnes en situation de prostitution, et leur accès à des programmes de sortie de prostitution,
- Criminaliser l'achat d'actes sexuels et toutes les formes de proxénétisme.
Pour reprendre les propos de Maria Noichl, députée européenne allemande et porteuse du rapport d'initiative qui a conduit à la résolution : « La prostitution n'est pas un type de travail. Le travail sexuel. La prostitution est un type de violence à l'encontre des femmes. (...) Nous devons réduire la demande, ce qui signifie faire comprendre qu'il n'est pas permis d'acheter le corps d'une femme (...) Je pense que c'est clair : pour toutes les choses qui ne sont pas autorisées, la première fois il devrait y avoir des amendes, et la deuxième fois (devrait être) la prison ».
Ce grand pas en avant marque clairement le rejet du modèle réglementariste qui est un échec et qui favorise l'exploitation des vulnérabilités. Non la prostitution n'est pas un travail. Oui les acheteurs d'actes sexuels sont des agresseurs qu'il faut sanctionner. Alors évidemment ce combat ne se gagnera pas sans une lutte acharnée contre la précarité économique, contre les inégalités sous toutes leurs formes, contre les stéréotypes et toutes les formes de stigmatisation que subissent les personnes prostituées. Mais le sillon est tracé.
- CP du Parlement européen : Prostitution: réduire la demande et protéger les personnes prostituées
- Texte de la Résolution : Regulation of prostitution in the EU: its cross-border implications and impact on gender equality and women's rights
Extrait de l'article publié dans la Revue du Grasco N°40, juillet 2023
" En février 2023, au cours d’un comité interministériel consacré au suivi de la mise en oeuvre de la loi visant à renforcer la lutte contre le système prostitutionnel et à accompagner les personnes prostituées, la ministre déléguée à l’Égalité entre les femmes et les hommes, Isabelle Lonvis-Rome, définissait la loi comme étant « une loi qui renverse l’ordre établi ».
Adoptée le 13 avril 2016, après des mois d’âpres débats et plusieurs aller-retours entre l’Assemblée nationale et le Sénat, la loi 2016-444 a pour objectif de « faire prendre conscience que la prostitution est dans l’immense majorité des cas une violence à l’égard des personnes démunies et une exploitation des plus faibles par des proxénètes, qu’ils agissent de manière individuelle ou dans des réseaux réalisant des profits très élevés, la traite des êtres humains se cumulant souvent avec d’autres trafics » et une violence faite aux femmes, la loi s’inscrivant dans le cadre de la politique de lutte contre les violences faites aux femmes et d’égalité entre les femmes et les hommes "
>>> Article intégral (Page56) sur la revue du Grasco :
http://larevuedugrasco.eu/2023/07/07/n40-juillet-2023/
Pour aller plus loin :
>> version française (pdf)
>> version anglaise (pdf)
Rapport Mondial N°4
>> version française (pdf)
>> version anglaise (pdf)
Rapport Mondial N°3
>> version anglaise
>> version française
Rapport Mondial N°2