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Un consensus large pour appliquer la meilleure loi sur le système prostitutionnel !

« La France a la meilleure loi, la plus complète et globale du monde sur la prostitution »

Taina Bien-Aimé, directrice, CATW (Coalition Against Trafficking in Women)

 

l'ascenseur abolitionniste - présidentielles 2022 - Roussel, Hidalgo, Mélenchon, MAcron, Pécresse, Jadot, Poutou 

 

L’ “ascenseur abolitionniste”, réalisé par le Mouvement du Nid et la Fondation Scelles à partir de réponses au questionnaire envoyé aux candidat·es, montre que celles et ceux-ci ont compris l'importance de la mise en œuvre pleine et entière de la loi du 13 avril 2016, « la meilleure loi globale » sur la question, comme le soulignait il y a quelques jours à New York la directrice de la CATW.

 

Face au cynisme de l'industrie du sexe et de ses défenseurs qui n'hésitent pas à se servir de la guerre en Ukraine pour "recruter", et à l'urgence de lutter contre le système prostitueur, c'est une bonne nouvelle. Le pouvoir exécutif qui prendra place en France pour les cinq prochaines années disposera d’un large consensus pour conforter et améliorer le modèle abolitionniste. En effet, cinq des sept candidat·es à qui nous avons envoyé notre questionnaire demandant des engagements concrets pour une application pleine et entière de la loi du 13 avril 2016, de la gauche à la droite républicaine, se sont positionnés favorablement.

 

Trois d'entre eux (Roussel, Hidalgo, Mélenchon), fidèles à leur engagement de longue date pour l’abolition, ont même répondu directement à notre questionnaire, et nous ont assuré de leur volonté de s'engager pour des parcours de sortie à la hauteur de l'enjeu : Fabien Roussel et Anne Hidalgo ont répondu point par point être d'accord avec nos propositions concrètes, en particulier de donner les moyens pour 4000 parcours de sortie de prostitution par an pendant 10 ans.

 

Jean-Luc Mélenchon, de son côté, a répondu en réaffirmant son engagement abolitionniste et la volonté de lutter plus spécifiquement contre …

 

Deux autres ne nous ont pas envoyé de réponse, mais se sont positionnés en faveur de la loi abolitionniste. L'équipe du Président actuel, Emmanuel Macron, a affirmé vouloir poursuivre sa mise en œuvre. Quant à Valérie Pécresse, elle s'est prononcée publiquement contre la marchandisation des corps des femmes et pour la pénalisation des prostitueurs (sans pour autant donner de réponses concrètes sur les mesures qu'elle mettrait en œuvre).

D'ici le premier tour, nous espérons recevoir de nouvelles réponses et des précisions, qui permettraient à chaque candidat·e d'atteindre le sommet de l'ascenseur abolitionniste... ou de rester au sol, dans le « vieux » monde, où règne le droit des hommes « clients » à acheter des femmes pour du sexe.

 

>>> Retrouvez nos décryptages des positions des candidat·es sur le site abolition2022.fr

 

 

 

 

Un 8 mars au paroxysme des violences sexuelles et de l’exploitation des femmes

Le 8 mars, journée internationale des droits des femmes est traditionnellement le moment d’un état des lieux, d’un tour d’horizon des progrès ou des reculs des questions liées aux femmes (lutte contre les discriminations, accès à l’égalité, l’éducation, la santé…). Mais quels espoirs nourrir en ce 8 mars 2022 à la lumière des récents bouleversements du monde ?

 

 

Depuis des années, les femmes ouïghoures subissent des tortures et des violences sexuelles dans les camps chinois, à la quasi-indifférence des instances internationales.

 

Eté 2021, le retour au pouvoir des Talibans a marqué l’effondrement des droits (naissants) des femmes afghanes, désormais enfermées et plongées dans l’esclavage sexuel des mariages forcés .

 

Aujourd’hui, la guerre ravage l’Ukraine. Des femmes s’engagent pour participer à la résistance de leur pays. D’autres partent pour assurer la protection de leur famille. D’autres encore endurent les bombardements russes dans la peur et l’angoisse, terrées dans des caves. Pour toutes, on le sait, la guerre sera aussi synonyme de violences et d’exploitation sexuelles.

 

Dès le 4 mars, le ministre ukrainien des Affaires étrangères alertait sur les nombreux cas de viols commis par des soldats russes.  Des témoignages dénonçant de tels faits à Kherson, la première ville ukrainienne tombée entre les mains des Russes, commencent à nous parvenir : « [Les soldats russes] ont déjà commencé à violer nos femmes. L’information vient d’individus que je connais personnellement. C’est arrivé à une jeune fille de 17 ans et ils l’ont tuée », raconte une habitante de Kherson à CNN.

 

Déjà plus d’un million et demi de personnes, en majorité des femmes et des enfants, ont trouvé refuge dans les pays limitrophes. Déjà les trafiquants et les proxénètes affluent sur ces zones frontalières pour exploiter l’extrême détresse de ces femmes en fuite et répondre à une « forte demande » : le jour même de l’invasion russe, les termes de recherche « Ukrainian girls » et « Ukrainian porn » explosaient sur les sites de pornographie.

 

Et la guerre, après la crise de la Covid, met douloureusement en lumière une autre forme d’exploitation et de marchandisation du corps des femmes : la Gestation Pour Autrui (GPA). Les médias s’attendrissent sur ces couples venus du monde entier en Ukraine pour récupérer « le bien qu’ils ont payé », leurs bébés et leurs embryons. Mais qui parle des mères porteuses ? Ces femmes, qui, pour beaucoup d’entre elles, ont déjà fui la violence de la guerre du Donbass, sont aujourd’hui parquées dans des abris aménagés par les agences qui les emploient, contractuellement privées de toute liberté de mouvement. Que deviendront-elles avec leurs nouveaux-nés dans les jours et les semaines à venir ?

 

Que souhaiter alors en ce 8 mars, supposé célébrer les progrès de la cause des femmes dans le monde ? Nous appelons les instances internationales à prendre toutes les mesures pour assurer la protection des femmes et filles attaquées dans leur liberté, leur dignité, leurs droits, qu’elles soient afghanes, ouïghoures ou ukrainiennes. Car, à travers elles, ce sont les femmes du monde entier qu’on attaque.

 

 

 

Les candidat·es doivent s’engager pour 40 000 parcours de sortie de prostitution !

Pour la journée internationale des droits des femmes, les associations de terrain aux côtés des victimes de violence et des survivantes de la prostitution demandent aux candidates et candidats à la présidentielle de s’engager pour  un changement d’échelle dans l’application de la loi, qui permette à  40 000 personnes qui le souhaitent de sortir de la prostitution sur dix ans.

 

abolition2022.fr plus de 30 associations pour une société libérée de la prostitution 

 

Plus de trente associations féministes et des survivantes dévoilent en cette veille de 8 mars un manifeste à destination des candidates et candidats à la présidentielle, autour de 5 engagements et 12 recommandations.

 

Un questionnaire a par ailleurs été envoyé à la plupart des équipes des candidat·es à l’élection du 10 avril. Leurs réponses seront publiées sur le site du manifeste : abolition2022.fr. Elles nous renseigneront sur le niveau d’ambition des différents projets présidentiels pour augmenter significativement l’impact de la loi de 2016 et atteindre son objectif fondamental : permettre à toute personne qui le souhaite de s’extraire de la prostitution.

 

La prostitution est une violence faite aux femmes qui doit être combattue et la législation ambitieuse dont la France s’est dotée en 2016 doit être pleinement appliquée pour pouvoir produire les effets attendus : davantage d’égalité entre femmes et hommes, plus aucune  victime de proxénétisme et prostitution !

 

>>> Retrouvez le manifeste ainsi que la liste de toutes les associations signataires sur le site abolition2022.fr

 

Les 5 engagements du Manifeste sont les suivants :

 

  • Pour une politique d’égalité réelle entre les femmes et les hommes

Rappelant que la prostitution est une forme de l’appropriation patriarcale du corps des femmes par les hommes, les associations demandent aux candidat·es de réaffirmer l’importance de la lutte contre le système prostitutionnel sur tout le territoire, de donner les moyens financiers et humains à cette politique, et de lancer une grande campagne de communication sur les réalités de la prostitution et l’interdiction d’achat d’acte sexuel.

 

  • Rompre l’impunité des prostitueurs

L’interdiction d’achat d’acte sexuel prend sa source dans la reconnaissance de l’acte prostitutionnel comme une violence sexiste et sexuelle en soi et de la nécessité de la combattre. Le manifeste appelle à renforcer la lutte contre le proxénétisme, notamment sur Internet et dans le cadre de l’industrie porno (prostitution filmée), soutenir les victimes dans leur dépôt de plainte, et n’accorder aucune dérogation à l’interdiction quelles que soient les situations.

 

  • 40 000 parcours de sortie en dix ans

La majorité des personnes que rencontrent nos associations expriment leur souhait de pouvoir quitter la prostitution. Aujourd’hui, si le parcours de sortie prévu par la loi du 13 avril 2016 est un succès pour celles qui y ont eu accès (plus de 700 personnes), l’engagement du gouvernement pour que toute personne qui le souhaite puisse intégrer ce parcours n’est pas tenu. Les listes d’attente sont longues. Le manifeste appelle donc : à donner les moyens suffisants pour l’accompagnement de toutes les demandes, à améliorer le processus d’attribution de ces parcours, à garantir l’accès au logement et à augmenter l’allocation financière (AFIS), au minimum au niveau du RSA.

 

 A lire interview d’Elisabeth Moreno le 13 avril 2021 ; “Toutes les personnes qui le souhaitent doivent avoir accès à un parcours de sortie de la prostitution”.

 

  • Pour une action urgente à l’encontre de la prostitution des mineur·es

De plus en plus de mineur·es sont aujourd’hui victimes de proxénétisme, en raison de la précarité croissante, de l’hypersexualisation, mais surtout du manque d’application de l’interdiction d’achat d’acte sexuel auprès d’un mineur. Les associations demandent donc : le renforcement de la protection de l’enfance, l’application systématique de la pénalisation des “clients” prostitueurs de mineur·es et la généralisation de la prévention via des sessions d’éducation à la sexualité.

 

  • Pour une diplomatie et une aide au développement féministes

 

Manifeste des associations pour une société libérée de la prostitution  >>> Téléchargez le MANIFESTE

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

A quand un #MeToo de la prostitution ?

Dans les heures qui ont suivi la publication de son annonce, Nina a été assaillie d’appels. "Je m'en rappellerai toujours : mon téléphone était tellement surbooké d'appels que je ne pouvais même plus répondre. C'était impressionnant, le nombre de pervers attirés par ma jeunesse".  Nina annonçait 23 ans mais elle avait alors 15 ans. Son annonce ne présentait pas de photo, seulement son profil  et son numéro de téléphone.

 

A quand un #Metoo prostitution

 

Le 14 novembre dernier, Adrien Taquet, secrétaire d’Etat chargé de l’Enfance et des Familles, a rendu public un plan interministériel de lutte contre la prostitution des mineur·e·s. Cinq priorités, treize actions (formations, maillage territorial, sensibilisation et prévention, repérage….) et quatorze millions d’euros affectés à sa mise en place, On peut dire que presque tout est mis en œuvre pour « empêcher » les jeunes, et principalement les jeunes filles, de basculer dans la prostitution.

 

Mais que fait-on pour « empêcher » les hommes - « clients » de les acheter ? Rien n’est prévu dans le plan hormis un « traitement judiciaire plus effectif ». Car les lois répriment. La loi sur l’autorité parentale de 2002 sanctionne le recours à la prostitution de mineur·e·s ; une autre loi, en 2021, renforce et aggrave les peines encourues pour ces faits ; et, depuis 2016, une loi interdit l’achat d’acte sexuel auprès de personnes prostituées majeures.

 

Mais les poursuites sont rares : 4 clients verbalisés chaque jour sur toute la France… ! Pareil pour les clients de victimes mineures. « Il y a quelques poursuites mais c’est un point encore à développer », constatait récemment Eric Mathais, procureur du tribunal de Bobigny. Il faut que l’on réfléchisse à pourquoi on n’utilise pas cet outil. »

 

Pourquoi, en effet, ferme-t-on les yeux sur ceux qui sont au cœur du système ? Pourquoi continue-t-on à accepter qu’un homme puisse en toute bonne conscience acheter un acte sexuel auprès d’une femme ou d’une mineure ? Pourquoi continue-t-on  à justifier voire à excuser ces hommes-« clients » : ils ont des besoins sexuels, ils sont esseulés, ils ont été trompés sur l’âge de la personne rencontrée, par la victime elle-même ou par le proxénète (comme si les « clients » de Nina, adolescente de 15 ans, avaient sérieusement   cru qu’elle avait 23 ans…)

 

Alors, une demande  en ce 25 novembre, journée internationale de lutte contre les violences faites aux femmes : à quand un #Metooprostitution ?

 

 

Pas de lutte efficace contre la prostitution des mineur.e.s sans poursuite des « clients » prostitueurs

rapport du groupe de travail sur la prostitution des mineursLe groupe de travail interministériel et pluridisciplinaire, lancé en septembre 2020 par Adrien Taquet, secrétaire d’Etat en charge des familles et de l’enfance, vient de rendre son rapport sur la prostitution des mineur·e·s en France. Il en ressort un état des lieux alarmant et 95 préconisations.

 

Le phénomène est en croissance constante, même si aucune estimation officielle n’existe. Les associations parlent de 7 000 à 10 000 victimes, mais ces données pourraient être très en deçà de la réalité, insistent les auteurs du rapport.

 

Un état des lieux glaçant

 

« Ce sont très majoritairement des jeunes filles, de 15 à 17 ans en moyenne, vulnérables, provenant de tous les milieux sociaux ». Beaucoup sont en situation de rupture familiale : carences affectives et/ou éducatives, contextes familiaux dysfonctionnels, décrochage scolaire… Et près de 50% disent avoir subi « des violences pendant leur enfance, principalement intrafamiliales et/ou sexuelles avant d’entrer dans le système prostitutionnel ».

 

Face à ces jeunes filles, les professionnel·le·s impliqué·e·s rencontrent une difficulté majeure : « La jeune mineure prostituée ne s’identifie pas elle-même comme une victime de violences sexuelles ou une victime d’exploitation sexuelle ». Une réalité qui a des conséquences judiciaires, d’abord (les jeunes filles ne dénoncent pas leur proxénète elles, ne se constituent pas partie civile, ne participent pas à l’enquête), mais aussi sur leur prise en charge (refus du soutien des adultes, revendication d’une supposée liberté à disposer de leur corps…).

 

Si le rapport met l’accent sur le phénomène dit de « proxénétisme de cités », la prostitution des mineur·e·s étranger·ère·s et des mineur·e·s non accompagné·e·s n’est pas écartée et appelle des mesures spécifiques. Chez ces jeunes aussi, on observe des vulnérabilités très fortes, prédisposant à l’entrée dans la prostitution : des situations d’agression ou d’esclavage sexuel dans leur pays d’origine ou pendant leur trajet migratoire, aggravées  par des situations de guerre ou de viols.

 

Une politique publique dédiée

 

Face à cette situation, plusieurs axes d’actions sont envisagés :

-        L’organisation d’une gouvernance dédiée à la lutte contre la prostitution des mineur·e·s, avec un plan d’action national, une structure interministérielle en charge de la mise en œuvre de ce plan et des commissions départementales en charge de la coordination de l’action au niveau local

-        La prévention auprès des enfants et des adolescents (éducation à la vie affective, relationnelle et sexuelle), comme auprès des parents (actions de soutien à la parentalité…)

-        La formation au repérage des situations à risque pour les personnels de l’Education nationale, de la Santé, de la PJJ et ASE…

-        Le renforcement du traitement judiciaire, avec en particulier l’augmentation des moyens et des effectifs  d’investigation… ;

-        Le développement de l’accompagnement de la victime : des hébergements, une meilleure prise en charge éducative, médicale, psychologique…

-        Des formations pour construire une culture commune contre le système prostitutionnel pour tous les professionnel·le·s impliqué·e·s dans la lutte contre la prostitution des mineur·e·s.

-        Enfin, la protection des mineur·e·s du risque prostitutionnel sur internet et les réseaux sociaux constitue un axe spécifique, avec des actions de prévention et d’information des jeunes, la mise en place d’outils de veille,…

 

Le client oublié…

 

La Fondation Scelles qui, dès son 5e rapport mondial en 2019, alertait sur le développement alarmant de la prostitution des mineur·e·s, salue la publication de ce rapport et se réjouit que les pouvoirs publics s’emparent de cette thématique. Une  remarque pourtant.

 

Nous regrettons que le client, acteur majeur du système prostitutionnel, soit quasiment absent de ce rapport. Et s’il est évoqué, c’est pour souligner, d’un ton résigné et presque fataliste, la quasi-impossibilité de sanctionner l’achat d’acte sexuel auprès des personnes mineures : les clients, expliquent les auteurs du rapport, « minimisent leur comportement, soutiennent n'avoir eu recours à la prostitution qu'une seule fois et ne reconnaissent ni la souffrance des jeunes prostituées ni le fait qu'ils connaissaient sa minorité  (…) ils disent avoir été trompés quant à l'âge de la victime et il est vrai qu'ils ont pu être induits en erreur par la victime, à son initiative ou à celle de ses proxénètes … ».

 

 « N’oublions pas que la principale justification de la loi est de protéger les plus faibles. L’intérêt de la société est de protéger ses enfants », précise Catherine Champrenault, présidente du groupe de travail et procureure générale de la cour d’appel de Paris, dans la préface du rapport. L’intérêt de la société est aussi de s’attaquer au cœur du système prostitutionnel et de mettre fin à l’impunité de ceux qui sont à l’origine de la destruction des femmes et des filles : les clients des la prostitution des personnes mineures et majeures.

 

>>> Rapport du groupe de travail sur la prostitution des mineurs

 

La Fondation Scelles dans la presse

  • (ES - Milenio) El ser humano no está a la venta
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