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Cyberviolence : la « violence de tous les jours »

Une violence omniprésente et insidieuse, des mineur-e-s surexposé-e-s, un phénomène encore trop méconnu et sous-estimé… C’est le constat alarmant dressé lors du colloque « Cyberviolences – Cybercriminalité », co-organisé par le Conseil national des femmes françaises (CNFF) et la Fondation Scelles, le 2 décembre dernier au Sénat.

 

 

« En matière de cyberviolences, la réalité dépasse la fiction», déclarait d’emblée Yves Charpenel, magistrat honoraire près la Cour de cassation et administrateur de la Fondation Scelles . De fait, chaque année, les tribunaux enregistrent 5 millions de plaintes, dont la moitié concerne le cyberespace : harcèlement, usurpations d’identité, pédopornographie, contenus haineux, atteintes aux personnes privées… « La cyberviolence, c’est la violence de tous les jours, via de nouveaux canaux, exacerbée par l’anonymat », ont expliqué tour à tour Nicolas Arpagian, d’Orange Cyberdéfense, et Yves Charpenel. Parce qu’il abolit les distances et démultiplie les cibles, l’outil internet rend « l’accès au monde criminel indolore et invisible ». 

 

Les femmes, premières victimes

73% des femmes déclarent être victimes de violences en ligne, sous une forme grave pour 18% d’entre elles[1]. Toutes les violences faites aux femmes trouvent leur déclinaison (souvent amplifiée) dans le cyberespace.

D’après Ghada Hatem, fondatrice de la Maison des Femmes de Saint-Denis, 90% des femmes victimes de violences conjugales ont vécu une forme de cyberviolences : cyberharcèlement (insultes ou menaces de mort en ligne de leur compagnon), cybersurveillance (les femmes sont surveillées par leur conjoint par des logiciels espions)…

De même Yves Charpenel a mis l’accent sur le rôle d’internet dans l’organisation de la prostitution : environ 30% des affaires d’exploitation sexuelle passent par internet qui est devenu l’outil privilégié des trafiquants et des proxénètes à la fois pour repérer leurs victimes, appâter les clients, blanchir l’argent criminel….

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"Prostitution 2.0 : quand l'industrie du sexe profite des nouvelles technologies"

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Des mineur-e-s surexposé-e-s

L’inquiétude aujourd’hui se porte vers les adolescent-e-s. L’enquête « Cybersexisme chez les adolescent-e-s (12-15 ans) », présentée par Aurélie Latourrès, du Centre Hubertine Auclert, montre à quel point filles et garçons ont intégré les usages du numérique : c’est pour eux un espace social réel. Mais ils en sous-évaluent les risques : 49,5% des filles et 34.4% des garçons considèrent que c’est « un peu » risqué. Or, la menace, pour les garçons et plus encore pour les filles, est constante. Selon cette enquête (menée dans des établissements scolaires de la 5e à la 2nde), 3 filles et 2 garçons par classe sont victimes de cybersexisme. Ces faits sont d’autant plus inquiétants qu’ils sont banalisés par les jeunes et souvent tus.

 

En réponse à cette situation alarmante, plusieurs pistes d’actions ont été recensées : lutter contre le déni et l’indifférence ; systématiser le repérage du cybersexisme ; agir sur la demande et responsabiliser les internautes, agir sur les fournisseurs d’accès, obtenir l’application effective des lois existantes, former les professionnels au contact de victimes, développer la coopération internationale… Mais ces positions de principe peuvent-elles suffire ? Comme l’ont souligné plusieurs intervenants, quand les adultes s’acharnent à sécuriser Facebook, les jeunes, eux, sont sur Tik Tok… les proxénètes aussi ! Dans ce domaine, les adultes n’auront-ils pas toujours un train de retard face aux jeunes qu’ils veulent protéger ?

 



[1] Haut Conseil à l’Egalité, En finir avec l’impunité des violences faites aux femmes en ligne, http://haut-conseil-egalite.gouv.fr/IMG/pdf/hce_rapport_violences_faites_aux_femmes_en_ligne_2018_02_07-3.pdf

 

 

 

La Fondation Scelles dans la presse

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