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Prostitution en Allemagne : Homicides et tentatives d’homicide (Jan. 2002 - Avr. 2023)

GinkaLe 1er janvier 2002, la Loi sur la prostitution (Prostitutionsgesetz, ProstG) est entrée en vigueur, décriminalisant considérablement et légalisant largement l'achat et la publicité de « services sexuels ». Cependant, cette poussée législative inédite, destinée à l'origine à renforcer les droits des personnes prostituées, s'est avérée contre-productive : elle a aussi entraîné la légalisation présumée des activités de profit, de proxénétisme/recrutement, d'organisation et de gestion de la prostitution par des tiers (par exemple, le proxénétisme de fait et la tenue d'un bordel). Bientôt, les grandes villes allemandes ont vu apparaître de nouveaux immeubles dont certains font une dizaine d’étages, abritant des « méga-bordels », et le nombre de personnes prostituées en Allemagne a été multiplié par quatre environ. Des hommes du monde entier ont commencé à se rendre en Allemagne pour acheter du « sexe bon marché ».

 

Le côté obscur de cette évolution : jusqu’à avril 2023 inclus, au moins 85 homicides de personnes prostituées commis par des clients ou des personnes du milieu ont été documentés; en outre, il y a eu au moins 49 tentatives d'homicide désignées comme telles par la loi allemande. Étant donné que les catégories juridiques peuvent avoir des significations différentes selon les pays (d'où la nécessité de clarifier l'utilisation des termes), « homicide » est utilisé comme traduction du terme général allemand « Tötungsdelikt ». Les innombrables autres actes de violence n'ont pas été ajoutés aux chiffres, y compris les homicides ou tentatives d’homicide commis en dehors de la prostitution (les catégories se chevauchent parfois) ou bien dans un contexte incertain.

 

Le 1er juillet 2017, la ProstG a été remplacée par la Loi sur la protection des prostituées (Prostituiertenschutzgesetz, ProstSchG), censée protéger les personnes prostituées et lutter contre les activités criminelles. Le législateur a ainsi tenu compte du fait que les véritables profiteurs de la ProstG n'étaient pas les personnes prostituées mais des tiers tels que les proxénètes, les propriétaires de bordels, les agents et agences d'escorte, ainsi que les gangs et syndicats criminels bien organisés travaillant en arrière-plan. Cependant, les modifications législatives n'ont finalement été que minimes. Sans surprise donc, entre juillet 2017 et avril 2023 seulement, il y a eu au moins 17 homicides de personnes prostituées commis par des clients ou des personnes du milieu ; en outre, au moins 10 tentatives d'homicide ont été commises au cours de cette période.

 

Comme les crimes commis contre les personnes prostituées ne sont pas répertoriés séparément dans les statistiques de la police allemande, les sources médiatiques doivent être consultées pour obtenir des informations précises. La liste suivante est constamment mise à jour et inévitablement incomplète, les homicides / tentatives d’homicide sous-déclarés, d'où : « au moins… ».

 

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Last Girl First : les dernières seront les premières.

Interview d'Hema Sibi coordinatrice de l'étude Last Girl First de CAP InternationalLes Last Girls est un terme qui désigne « les dernières » femmes, celles que la société met en marge parce qu’elles sont des femmes, parce qu’elles sont dans des situations de précarité, des parcours migratoires complexes, parce qu’elles sont racisées et/ou appartiennent à des minorités discriminées. La société accepte donc que ces femmes soient « prostituables ». Aujourd’hui, partout dans le monde ces Last Girls sont surreprésentées dans la prostitution. Du simple fait de leur origine, de leur statut administratif ou encore de leur situation économique et personnelle, elles sont enfermées dans un système patriarcal, raciste et de classe qui les exploite : celui des proxénètes et des « clients » prostitueurs.

 

>> Interview

 

Le système prostitutionnel cible et se nourrit des vulnérabilités des Last Girls. Parmi ces facteurs de vulnérabilité, on peut citer la minorité de nombreuses victimes du système. La pauvreté dans certains pays a participé à l’émergence d’un tourisme sexuel mis en place par des réseaux d’exploitation pédocriminels pour répondre à la « demande » des « clients » prostitueurs, comme en Thaïlande et aux Philippines. En France et ailleurs, les proxénètes visent les mineures fragilisées par des ruptures familiales, isolées ou en fugue, le plus souvent déscolarisées. Les filles placées sont surreprésentées parmi les victimes mineures des proxénètes, tombant plus facilement sous emprise. La minorité agissant ici comme un facteur aggravant supplémentaire des vulnérabilités. En Inde, l’étude explore les dynamiques de la prostitution intergénérationnelle au sein des « quartiers rouges » où l’exploitation se perpétue de génération en génération : les femmes sont prostituées de mère en fille, et les hommes sont proxénètes de père en fils.

 

Autre vulnérabilité, la précarité est un facteur majeur favorisant l’entrée dans la prostitution. On le voit par exemple avec la traite des êtres humains où les proxénètes promettent aux Last Girls un meilleur cadre de vie et opportunités économiques si elles viennent en Occident. Derrière ces fausses promesses, ces femmes se retrouvent au final à devoir rembourser leur proxénète des frais engagés pour leur venue. Les réseaux exploitent au maximum leur précarité avec des outils de menace, de pression psychologique et la dette à rembourser. Ces formes d’emprise leur permettent de maintenir les Last Girls en situation de prostitution.

 

De même, le sans-abrisme maintient des femmes en situation d’isolement et de fragilité pouvant les contraindre à une prostitution de survie.

 

Le parcours de vie des personnes en situation de prostitution montre clairement le facteur déterminant de vulnérabilité que sont les violences durant l’enfance. La grande majorité des personnes en situation de prostitution ont été victimes de violences sexuelles (viol, inceste). Ces traumatismes ont grandement fragilisé la construction de l’estime de soi chez ces personnes. Ainsi les violences sexuelles perpétrées dans l’enfance par des adultes se reproduisent dans la prostitution aux mains cette fois-ci des proxénètes et des « clients » prostitueurs.

 

Les personnes LGBT souvent marginalisées et discriminées sont surreprésentées dans la prostitution comme en Thaïlande ou en Nouvelle-Zélande. Enfin, la consommation d’alcool et de drogue sont également des facteurs qui contraignent certaines Last Girls à la prostitution, afin de répondre aux besoins de leurs addictions. Ces addictions sont largement utilisées par les proxénètes pour maintenir ces femmes sous emprise.

Les proxénètes et les trafiquants ciblent toutes ces vulnérabilités pour piéger les Last Girls et arriver à leur fin. Ces dernières cumulent la plupart du temps plusieurs vulnérabilités. Rappelons que ces facteurs ne touchent pas seulement les femmes issues de communautés discriminées, mais peuvent toucher toutes les femmes.

 

En plus de ces vulnérabilités, l’étude « Last Girl First ! La prostitution à l’intersection des oppressions sexistes, racistes et de classe » de la Coalition pour l’Abolition de la Prostitution International, coordonnée par Héma Sibi, démontre comment le système prostitutionnel à l’échelle mondiale se trouve à l’intersection de toutes ces formes d’oppression.

 

Les oppressions sexistes :

 

Le système prostitutionnel se fonde principalement sur une inégalité de sexe entre les femmes et les hommes. Selon l’ONU, 96% des victimes d’exploitation sexuelle dans le monde sont des femmes et des filles. Les femmes sont représentées de manière quasi exclusive dans la prostitution et constituent « l’offre »[1]. À l’inverse, les personnes qui constituent la demande d’achat d’actes sexuels sont quasi exclusivement des hommes[2].

 

La prostitution s’inscrit dans le continuum des violences patriarcales faites aux femmes. Selon les survivantes de la prostitution, la répétition d’un acte sexuel non désiré résultant d’une contrainte socioéconomique, physique ou psychologique est une violence. L’étude relève que près de 2/3 des personnes en situation de prostitution souffrent du syndrome de stress post-traumatique à des niveaux plus élevés que les vétérans de la guerre du Vietnam.

 

Le système prostitutionnel se fonde également sur la déshumanisation et l’objectification des femmes, car il les considère en tant que marchandises. Les « clients » prostitueurs et les proxénètes réduisent le corps des femmes à des parties de leur anatomie. La prostitution fait donc partie de cette tradition patriarcale de volonté de contrôler et d’accéder aux corps des femmes par les hommes.

Les oppressions racistes :

 

Le système prostitutionnel exploite majoritairement les femmes racisées telles que les femmes autochtones, asiatiques, les femmes noires ou les femmes issues des minorités. Cette surreprésentation des femmes racisées au sein du système prostitutionnel est le résultat du colonialisme, de l’impérialisme, de l’esclavage et d’oppressions historiques. Au Canada par exemple, les femmes indiennes, les ‘Natives’ sont surreprésentées dans la prostitution. À l’époque de la ‘conquête’ du Canada, les colons ont instauré les maisons closes, afin de « divertir » les militaires, dans lesquelles se sont retrouvées bon nombre de natives. Cette pratique s’est répétée dans d’autres pays colonisés tels que le Tibet, l’Inde, l’Australie ou encore le Japon. Ces arrivées brutales des colons ont fait basculer les filles et femmes autochtones vers un statut de minorité, sur leurs propres terres. Les envahisseurs, hommes armés, ont imposé de nouvelles règles de conduite au sein de la société, une nouvelle politique de domination commerciale à leur avantage accentuant ainsi la marginalisation des minorités.

Devant le peu de solution de survie à leur disposition, la pauvreté a poussé bon nombre de femmes autochtones vers la prostitution. Le phénomène s’est ancré au fil du temps jusqu’à nous faire croire que la prostitution pouvait devenir une identité pour ces femmes. La réduction en esclavage sexuel des femmes autochtones a contribué à une logique de domination, subordination et d’humiliation qui se perpétue.

 

La prostitution n’a jamais été le plus vieux métier du monde comme on l’entend souvent. Auparavant, au Canada, certaines sociétés autochtones étaient matriarcales : la femme et le sexe étaient sacralisés. Les colons ont cassé ce paradigme et imposé leur propre vision. On voit bien ici comment la prostitution s’est développée sur un système d’inégalités entre les femmes et les hommes, dans lequel ces derniers se sont arrogés des droits pour assouvir des besoins sexuels soi-disant irrépressibles. Aujourd’hui, la surreprésentation des femmes autochtones dans la prostitution est donc le résultat des politiques colonialistes.

 

À l’époque coloniale, la prostitution a également été utilisée comme une arme de guerre pour asservir les autochtones. De même, l’esclavage sexuel, le viol, le mariage forcé, la traite ont été des stratégies de persécution utilisées par l’oppresseur. Cette pratique a été perpétrée sur le peuple des Yazidis en Irak à partir de 2014 : les femmes Yazidis ont été les victimes du système d’esclavage sexuel mis en place par l’État islamique.

 

Ces pratiques sont toujours d’actualité dans les zones de conflits. C’est notamment le cas en Ukraine, où le viole des femmes et des filles est utilisé comme arme de guerre par les soldats russes selon l’ONU[3]. La volonté est toujours la même : imposer une domination et réduire la femme à un statut d’objet. Pramila Patten, Représentante spéciale du Secrétaire général pour la violence sexuelle dans les conflits armés au sein de l’ONU, avait d’ailleurs averti sur le risque élevé de traite des personnes à des fins d’exploitation sexuelle et de prostitution dû aux déplacements des populations ukrainiennes depuis le début du conflit.

 

Le colonialisme et l’impérialisme ont façonné les imaginaires collectifs de nos sociétés actuelles. En Europe, les femmes et filles migrantes représentent en moyenne 84% des femmes en situation de prostitution dans 13 pays[4]. Les femmes « étrangères » sont donc surreprésentées dans la prostitution. Ailleurs aux États-Unis, 40% des personnes en situation de prostitution sont afro-américaines alors qu’elles ne représentent que 13,4% de la population totale aux États-Unis[5].

Les femmes racisées subissent le fétichisme et les fantasmes résultant de la demande des « clients » prostitueurs. Ces Last Girls se voient alors objectivées, stéréotypées, exoticisées et même animalisées. Il suffit d’aller voir sur les sites d’annonces prostitutionnelles : les femmes sont classées par catégories « ethniques » : « africaines », « latina », « blanches/européennes ». Les clients les choisissent selon leurs tailles, leurs couleurs de peau, leurs mensurations, leurs pratiques, ou encore leurs langues. Cette perception raciste des « clients » prostitueurs, envers les femmes racisées en situation de prostitution, est un héritage des imaginaires façonnés par le colonialisme, l’impérialisme, l’esclavage comme l’étude le démontre. Par ailleurs, cette perception des femmes racisées en situation de prostitution, ou non, entretient les stéréotypes racistes.

 

Les oppressions de classe :

 

Le système de la prostitution touche en premier lieu les femmes en situation de précarité. La pauvreté est un facteur déterminant dans l’entrée et le maintien dans la prostitution. La majorité des victimes de la prostitution sont les femmes exclues de l’économie formelle de la société, et qui ne peuvent pas vendre leur force de travail dans un environnement discriminant.

Par exemple, lors de la crise économique en Grèce, lorsque les mesures d’austérité ont été adoptées dans le pays, elles ont touché principalement les femmes. Pendant cette période, une augmentation de 150% de la prostitution des femmes grecques les plus défavorisées a été constatée. Cet exemple montre à quel point la prostitution s’attaque à celles qui sont vulnérables économiquement.

 

« Last Girl First ! La prostitution à l’intersection des oppressions sexistes, racistes et de classe » montre parfaitement comment le système prostitutionnel se fonde sur l’intersection des oppressions sexistes, racistes et classistes depuis l’ère colonial jusqu’à nos sociétés contemporaines. Aujourd’hui, le système prostitutionnel, tout en perpétuant ces oppressions, se meut vers d’autres formes qui s’adaptent sans arrêt à la demande du « client » prostitueur. Cela a notamment été le cas sur internet avec des viols d’enfants philippins filmés par webcam, en échange d’argent de pédocriminels à l’autre bout de la planète cachés derrière leurs écrans. De même la multiplication de sites pornographiques, proposant des scènes d’une extrême violence et qui touchent les femmes les plus vulnérables, montre que le combat contre l’exploitation sexuelle sous toutes ses formes demeure prioritaire.

Pourra t’on vaincre dans un monde capitaliste où la recherche du profit individuel entraine les pires formes de marchandisation ? Nous le devons à toutes ces femmes pour que les Last Girls ne soient plus les dernières, mais les premières.

 

Références : Last Girl First, recherche conduite pour la Coalition pour l’abolition de la prostitution, par Héma Sibi, chez Éditions libres, 2023, ISBN : 978-2-490403-53-0.

Lien pour acheter le livre : https://bit.ly/40Cxib9



[1] MacKinnon C., Trafficking, Prostitution and Inequality, 2011. MacKinnon.pdf (harvardcrcl.org)

[2] Idem.

[3] ONU info, 6 juin 2022, Les allégations de violences sexuelles en Ukraine se multiplient, note l’ONU, Nation Unies, https://news.un.org/fr/story/2022/06/1121272.

[4] CAP International, Last Girl First, Éditions libre, 2023, page 34.

[5] CAP International, Last Girl First, Éditions libre, 2023, page 27.

 

 

Comité de suivi de la loi prostitution : un engagement fort de la ministre mais l’impunité toujours de mise

CP du 08 février 2023

 

Nous, associations de terrain accompagnant les personnes en situation de prostitution, agissant en prévention et au sein des stages de sensibilisation contre l'achat d'actes sexuels, saluons la volonté politique forte d'Isabelle Rome, ministre déléguée à l'Egalité femmes hommes, qui réunissait ce matin le comité de suivi de la loi du 13 avril 2016.

 

La ministre a démontré une volonté politique qui marque un réel engagement et une compréhension de la nécessité d'accélérer et d'améliorer la mise en œuvre de la loi de lutte contre le système prostitutionnel. Nous prenons acte de la volonté de Mme Rome de réunir ce comité de suivi deux fois par an, et d'impulser auprès de tous les ministères concernés une nouvelle dynamique autour de cette politique publique. Sur les parcours de sortie, Mme Rome a souligné à quel point ce dispositif est précieux pour les personnes concernées. Aujourd'hui, elles sont 643 en PSP, un chiffre certes encore trop faible mais qui augmente chaque année.

 

1 enquête pour proxénétisme quand il y en 1000 pour trafic de stupéfiants

 

L'absence de Gérald Darmanin et d'Éric Dupont-Moretti, ministres de l'Intérieur et de la Justice, montre a contrario un réel manque de volonté politique pour faire avancer l'application de la loi. Nous le regrettons.

 

C'est d'autant plus dommageable que les personnes présentes qui représentaient ces ministères, ont montré de grandes qualités d'échange et une volonté de faire mieux, mais elles-mêmes font état du peu de moyens à leur disposition pour réussir.

 

Ainsi les services de l'OCRTEH[1] ont seulement 18 enquêteurs sur toute la France, pour 200 dans la lutte contre le trafic de stupéfiants ! Et de fait, en 2022, il y avait en France 1 enquête pour proxénétisme pour 1000 enquêtes pour trafic de stupéfiants !

 

Sur la pénalisation des "clients", la ministre a déploré sa faible application, en rappelant que c'est par la pénalisation des clients que l'on peut faire baisser le sentiment d'impunité des acheteurs. Or avec 168 stages en 2022 et environ 458 condamnations au total, c'est beaucoup trop peu pour changer la donne.

 

Le comité de suivi a par ailleurs permis de révéler que l'an dernier, il y aurait eu seulement une vingtaine de condamnations pour recours à la prostitution de mineur·es. Alors que tous les acteurs s'accordent pour dire que le nombre de victimes augmente, c'est intolérable !

 

Nous avons demandé à la ministre la tenue d'un groupe de travail pour identifier les difficultés d'application de la loi sur la pénalisation des "clients" prostitueurs de mineur·es et trouver des solutions rapides et concrètes.

 

La loi existe depuis plus de 20 ans et l'Etat fait toujours les mêmes constats du peu de condamnations sans que rien ne change. Sans recours à la prostitution, la prostitution et le proxénétisme n'existeraient pas. L'impunité des pédocriminels est inacceptable. L'inaction des pouvoirs publics l'est tout autant.

 

A l'issue de ce comité dont nous saluons encore une fois la qualité, nous demandons au gouvernement :

 

· D'inscrire la lutte contre le système prostitutionnel dans les politiques prioritaires du gouvernement pour 2023 que la Première ministre Elisabeth Borne doit annoncer la semaine prochaine.

 

· D'augmenter très fortement les moyens d'action des associations comme des administrations dans la lutte contre ce système qui fait chaque année de nouvelles victimes.

 

· De financer et lancer des campagnes de sensibilisation du grand public à l'échelle nationale pour que la loi soit expliquée et comprise, et d'information des victimes quant à leurs droits.

 

· De réintégrer de façon explicite et visible aux niveaux local et national la prostitution dans la politique publique de lutte contre les violences faites aux femmes.

 

[1] Office central de répression de la traite des êtres humains

 

Une 2e évaluation locale de la mise en œuvre de la loi 2016-44 Pourquoi ? Comment ? Quels résultats ?

En octobre 2019, la Fondation Scelles présentait les conclusions du Rapport d’évaluation locale de la mise en œuvre de la loi 2016-444, réalisé par les sociologues Jean-Philippe Guillemet et Hélène Pohu, avec le soutien de la Direction Générale de la Cohésion Sociale. Aujourd’hui, presque sept ans après l’adoption de la loi, l’équipe de 2019 se retrouve pour poursuivre ce travail sur de nouveaux territoires et de nouvelles thématiques.

 

Rapport Evaluation Locale

 

>> RAPPORT D'ÉVALUATION LOCALE DE LA MISE EN OEUVRE DE LA LOI 2016-444 "visant à renforcer la lutte contre le système prostitutionnel et à accompagner les personnes prostituées"

>> Brochure du Rapport

 

Quatre territoires aux contextes différents

Selon le principe établi dans la première évaluation locale, l’étude porte sur quatre villes de densités démographiques différentes et aux situations prostitutionnelles diverses. Après Bordeaux, Narbonne, Paris et Strasbourg, il s’agit de Limoges, Marseille, Nantes et Toulouse. Aucun a priori sur le niveau de mise en œuvre de la loi sur ces territoires n’a motivé ces choix.

 

Des objectifs nouveaux

Le principal objectif de cette nouvelle évaluation est évidemment d’analyser les processus de mise en œuvre de la loi : quels sont les freins et les obstacles à l’application de la loi dans chaque ville ? quels sont aussi ses facteurs facilitateurs et les bonnes pratiques développées sur chaque territoire ? quel regard les acteurs et actrices en charge de la loi portent-ils sur leur mission ? Mais, près de sept ans après l’adoption de la loi, alors que les premiers parcours de sortie de la prostitution (PSP), institués par la loi, sont arrivés à leur terme, un nouvel objectif s’imposait : analyser et comprendre le vécu des personnes en parcours, s’interroger sur les sorties et les suites des parcours de sortie de la prostitution.

 

Pour répondre à ces questions, plus d’une cinquantaine d’entretiens ont été réalisés, pour la plupart entre décembre 2021 et avril 2022 : 2 Directrices régionales aux droits des femmes et à l’égalité, les Déléguées départementales aux droits des femmes et à l’égalité de chaque territoire, l’ensemble des 8 associations agréées mobilisées sur le volet social, les différentes institutions et structures impliquées sur les autres volets de la loi (la prévention en milieu scolaire, la pénalisation et les stages de lutte contre l’achat d’actes sexuels). Des personnes en PSP et sorties du PSP ont également été interrogées sur leur expérience du parcours et leur vision de la loi.

 

D’une évaluation à l’autre…

 

Deux constats principaux émergent de cette étude. D’abord, aujourd’hui comme en 2019, la loi est encore partiellement mise en œuvre. Il n’y a pas un seul territoire où tous les volets de la loi sont effectifs. En l’absence de portage national, la mise en œuvre de la loi continue de reposer entièrement sur les épaules des acteurs locaux, acteurs locaux qui ne sont pas toujours suffisamment informés et sensibilisés à la loi et à la vision qu’elle porte. C’est ce qui explique que certains axes de la loi sont peu ou difficilement appliqués. Pensons en particulier à la pénalisation de l’achat d’actes sexuels qui se heurte toujours à une forte résistance de la part des services de police.

 

Le volet social, par contre, domine et fédère les énergies. Il est ressenti sur le terrain comme l’axe prioritaire de la mise en œuvre de la loi et est véritablement porté par les Déléguées départementales aux droits des femmes et les acteurs·trices locaux·ales. Les commissions départementales, au cœur de ce volet, fonctionnent et construisent progressivement, parfois dans la difficulté, un regard différent sur les acteur·trice·s en place et, plus important, sur les victimes elles-mêmes : à la méfiance et à la suspicion ont souvent succédé le dialogue et la confiance réciproque.

 

Au moment de l’étude, les quatre territoires étudiés comptabilisaient au total 162 parcours de sortie dont 60 terminés. Pour ces personnes, la loi a été ¨une chance¨ : la possibilité d’avoir une nouvelle vie, avec un emploi, des papiers, un logement et une confiance reconstruite. Pour elles, comme pour les associations qui accompagnent le dispositif, le bilan est positif : ¨C’est une loi qui sauve des vies, au sens propre et au figuré¨.

 

>> RAPPORT D'ÉVALUATION LOCALE DE LA MISE EN OEUVRE DE LA LOI 2016-444 "visant à renforcer la lutte contre le système prostitutionnel et à accompagner les personnes prostituées"

>> Brochure du Rapport

 

 

La Fondation Scelles dans la presse

  • (ES - Milenio) El ser humano no está a la venta
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