La prostitution en bref...
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La prostitution en bref...

 

Définition

art prost brefIl n'y a pas de définition officielle de la prostitution qui fasse consensus. La plus couramment admise est le fait de livrer son sexe et son corps à autrui contre de l'argent. Mais ça peut être aussi contre des biens comme un logement, des cadeaux, de la nourriture, ou en échange d'une reconnaissance dans un groupe.

C'est aussi de commercialiser de façon légale ou illégale des services et/ou des produits sexuels et d'exploiter le corps humain, plus particulièrement celui des femmes et des enfants, dans un but lucratif. C'est aussi un système qui organise l'exploitation et l'appropriation du corps de femmes, d'enfants, et de plus en plus souvent d'hommes.

Les visages de la prostitution sont multiples : ce sont des victimes d'exploitation et de réseaux, des mères de famille en situation de précarité, des jeunes filles étudiantes, des enfants, des hommes... qui se prostituent dans la rue, sur internet, dans des bars, des saunas ou des salons de massage, sur le bord des routes... Les situations sont diverses. Pourtant, quels que soient les contextes politiques, économiques ou culturels, toutes se rattachent à un seul et même phénomène : l'exploitation sexuelle. Et de Paris à New York, de Calcutta à Marrakech, de Kiev à Bangkok, ce sont les mêmes réalités et les mêmes menaces qui sont en jeu.

 

Un univers de violences

La prostitution est un monde violent, un monde « où il faut constamment être sur ses gardes, où on apprend à vivre avec la peur, donc la peur devient un mode de fonctionnement » disent les personnes prostituées. Le danger y est constant. La violence sous toutes ses formes, de l'insulte à l'agression physique la plus grave, peut intervenir à n'importe quel moment et venir de n'importe qui : un passant, une autre prostituée, une bande de jeunes, un client, le proxénète...

Des chercheurs canadiens ont montré que les personnes prostituées couraient entre 60 et 120 fois plus de risques d'être battues ou assassinées que le grand public et qu'elles connaissaient un taux de mortalité 40 fois supérieur à la moyenne nationale. Dans une étude australienne (où l'exercice de la prostitution est légalisé), 81% des personnes interrogées ont déclaré avoir subi des sévices sexuels pendant l'exercice de leur activité. A Glasgow, 94% des personnes prostituées de rue interrogées ont subi une agression sexuelle, 75% ont été violées par un client.

La peur des représailles, les menaces exercées sur la famille, le poids du remboursement de la dette, la surveillance et le contrôle permanents sont autant d'éléments de pression à disposition des trafiquants et des proxénètes. Du côté du client, la pression ou la ruse mise en jeu pour obtenir un rapport non protégé, ou pour ne pas payer (ou payer une somme inférieure à celle demandée) sont autant d'agressions à l'égard de la personne prostituée.

A ces mauvais traitements, tortures et violences psychologiques venant des proxénètes ou des clients, s'ajoute une autre violence, plus symbolique : la stigmatisation et le mépris infligés par la société.


Mondialisation

La prostitution est aujourd'hui un phénomène qui dépasse les frontières. Ce sont des flux d'êtres humains qui vont d'un pays à un autre, d'un continent à un autre pour être prostitués ou pour acheter du sexe.

Des femmes, des enfants, et des hommes aussi, poussés par la détresse et l'espoir d'une vie meilleure, quittent leur pays d'origine et tombent entre les mains de trafiquants qui les exploitent aux quatre coins du monde. Au Cambodge par exemple, les personnes prostituées viennent de Chine, du Vietnam mais aussi d'Europe de l'Est. L'Australie, considérée comme un centre renommé de prostitution asiatique, propose des femmes originaires de Thaïlande, Malaisie, Corée du Sud, Chine. Le Canada reçoit des victimes en provenance d'Asie, d'Afrique, des Caraïbes, d'Amérique Latine et d'Europe de l'Est. En France, en 2011, le démantèlement d'une quarantaine de réseaux criminels à Paris, Caen, Bordeaux ou Strasbourg a permis de sauver des victimes colombiennes, chinoises, équatoriennes, nigérianes, roumaines...

Grâce au développement des technologies numériques, les mécanismes de la prostitution se dématérialisent. Dorénavant, le racolage se fait par téléphone portable ; les réseaux sociaux servent d'espaces de rencontre pour sexe tarifé ; l'acheminement des victimes à travers le monde passe par le recours systématique aux échanges numériques.


Marchandisation

Mondialisée, la prostitution est devenue un marché économique. Un marché très « porteur » : selon des estimations, le chiffre d'affaires de l'industrie du sexe s'élèverait à plus de 1,5 milliard en Grèce (soit environ 0,70% du PIB du pays), plus de 2 milliards d'euros en Fédération de Russie, jusqu'à 18 milliards d'euros en Espagne...

Loin d'appartenir à une économie parallèle, les profits de la prostitution rejaillissent sur la société toute entière. Des milieux très divers en tirent bénéfices : agences de voyage, bars et hôtels, taxis, mais aussi publicitaires, patrons de presse, producteurs de sites internet, médias divers... Peut-on s'étonner alors que des Etats et des municipalités cherchent aussi à obtenir leur part du « pactole » ? En 2011, en Allemagne, Bonn, après Francfort et Cologne, a proposé la taxation de la prostitution : la « sex tax » rapporte chaque année entre 800 000 et 1 million d'euros à la ville de Cologne. 

La prostitution, le monde des affaires, le pouvoir entretiennent d'ailleurs des liens complexes que l'actualité de 2011 n'a cessé de rappeler. Pensons à l'affaire du Carlton de Lille qui, sous le dehors du libertinage, met en cause Dominique Strauss-Kahn et une des premières entreprises françaises de travaux publics. Pensons au procès de Silvio Berlusconi pour recours à la prostitution de mineures, en Italie. Pensons au scandale « sexuel » qui a éclaté en Allemagne en 2011, éclaboussant le monde de l'assurance : une très célèbre compagnie d'assurances récompensait ses meilleurs employés en leur offrant des orgies sexuelles...

Les efforts des Etats qui voudraient endiguer cette évolution rencontrent de fortes difficultés. L'Espagne, le Royaume-Uni, les Etats-Unis, l'Argentine en particulier, se battent contre les annonces à caractère sexuel publiées sur les sites internet ou dans la presse. Des rapports ont été faits, des propositions de lois sont envisagées ou ont été adoptées. Mais ces mesures se heurtent à de fortes oppositions. En Espagne, le gouvernement hésite à trancher le débat et aux USA, les annonces de la plateforme Craigslist, fermée en 2010 à cause de la prolifération des offres à caractère sexuel, se sont déplacées vers un autre site, considéré aujourd'hui comme le plus grand forum pour trafic sexuel de mineures.

 

Banalisation

Partout, ce sont les mineurs ou très jeunes majeurs qui sont les premiers touchés par les développements de la prostitution. Aujourd'hui, le phénomène frappe autant des pays d'Asie du Sud-Est, d'Europe que d'Amérique du Nord.

Les Etats-Unis ont découvert avec effroi l'importante prostitution enfantine qui sévissait dans plusieurs de ses Etats ; l'Allemagne et les Pays-Bas luttent contre le développement alarmant de l'exploitation des mineures sous la coupe de «loverboys» ; en Inde, la prostitution de luxe est devenue un véritable business high-tech organisé par de jeunes professionnels de l'informatique, qui exploitent des adolescentes et des étudiantes ; en Pologne, un nombre alarmant d'adolescentes de milieu social aisé se prostituent dans les grands centres commerciaux pour s'acheter des biens de consommation....


La société banalise le phénomène en l'affublant de surnoms charmants et d'une image glamour chatoyante. On parle de sugarbabies, de sugardaddies... Et la jeune Zahia, qui a marqué l'actualité par ses relations tarifées avec des joueurs de l'équipe de France de football, est aujourd'hui considérée comme la « Cendrillon des temps modernes » et une icône people ! Ces formes d'euphémismes ne servent qu'à masquer la réalité d'un phénomène : le loverboy est un proxénète qui joue au petit copain amoureux pour mieux exploiter des adolescentes ; le sugarbaby est une très jeune fille entretenue par un homme (ou une femme) d'âge mûr qui finance ses frais d'études, son logement, sa vie quotidienne.... (en Pologne, on préfère désigner cette forme de prostitution par le terme, plus entrepreneurial, de « sponsoring » !).

Pour les adolescents, le sexe devient une monnaie d'échange : ils « troquent » du sexe contre un objet de marque, une dose de drogue... Est-ce vraiment surprenant ? Ils ont été nourris de pornographie, évoluent dans des sociétés qui bombardent en permanence des images mettant en scène la femme comme un objet sexuel. Dans ce contexte, le commerce du sexe est banalisé et la prostitution apparaît de plus en plus comme un recours possible, sans conséquences et presque « naturel » pour se procurer un bien ou de l'argent.


 

La Fondation Scelles dans la presse

  • (ES - Milenio) El ser humano no está a la venta
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