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Meurtre de Vanesa, de la tristesse à la colère

Dans la nuit du 16 au 17 août, Vanesa Campos, personne prostituée trans, a été tuée à Paris, dans le Bois de Boulogne. Nous éprouvons une profonde tristesse face à la longue cohorte de violences qu‘une fois de plus une personne prostituée paie de sa vie, une infinie colère contre les agresseurs de Vanesa, et une inquiétude grandissante face aux atteintes à la personne que notre société ne peut tolérer. >>>

 

Vanesa Campos, assassinée dans le Bois de Boulogne Août 2018 

Un crime odieux

Faudra-t-il encore longtemps égrener la longue liste des victimes de violences sans nom des proxénètes, des « clients », des passants, des policiers, des riverains, de la précarité économique, des addictions, de l’homophobie, de la transphobie, de la haine des femmes et de toutes les formes de stigmatisation et de discrimination… Y aura-t-il bientôt un jour, sur notre minuscule planète, où l’exploitation sexuelle, le harcèlement, les agressions, s’arrêteront et se taieront ? Définitivement ? C’est dans un climat d’impunité qu’une bande d’agresseurs s’en est pris à des personnes prostituées du Bois de Boulogne. De vulgaires rançonneurs qui sont allés jusqu’au meurtre. 8 personnes ont été interpellées par les forces de l’ordre, 5 d'entre elles ont depuis été incarcérées. Espérons que les peines répondront à la bassesse de ce crime.

 

Des violences qui ne datent pas de 2016

Les violences quotidiennes ne se sont pas arrêtées d’un coup avec la loi du 13 avril 2016 de lutte contre le système prostitutionnel et d’accompagnement des personnes prostituées. Qui aurait pu croire à une telle fable ? Mais elles n’ont pas non plus commencé en 2016… Qui a oublié Ginka, jeune Bulgare assassinée en 1999, par un homme qui voulait la voler ? Il n’y avait pourtant pas de pénalisation du « client » à cette date, ni même d’ailleurs de délit de racolage passif… Et toutes les autres ? Montées dans la voiture d’un « client » puis disparues, les insultées, les frappées, les expulsées ? Car oui, ce sont bien encore et toujours les personnes prostituées qui paient le plus lourd tribu à l’exploitation sexuelle par des proxénètes et des « acheteurs ». Oui la peur est toujours là. Oui les personnes prostituées ne sont pas suffisamment protégées et il est grand temps d’y mettre enfin les moyens pour que cela cesse. Oui la prostitution demeure un système oppresseur qui broie des humains dans un cercle d’incertitudes face aux réactions de l’autre, des autres, les proxénètes, les « clients », les agresseurs, la société…

 

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Les meurtriers sont les seuls responsables

Changer notre regard sur la prostitution demeure une priorité : il faut protéger les victimes, sanctionner les auteurs, les proxénètes, les « clients », les agresseurs, se donner les moyens d’accompagner les personnes prostituées vers des parcours de sortie, sensibiliser les jeunes à la non-marchandisation du corps humain et au respect de l’autre et de ses différences. Bref, il suffit d’appliquer, sincèrement et intégralement, la loi du 13 avril 2016. C’est à ce prix que nous commencerons à mesurer les bénéfices du choix d’une société plus juste et plus humaine. Assez de cette exploitation des plus vulnérables, assez de ces tentatives de récupération qui voudraient relier ce meurtre aux conséquences de la loi du 13 avril. Non, la loi n’a pas créée plus d’insécurité. L’insécurité est le lot quotidien des personnes exposées à l’exploitation sexuelle. Non la loi n’est pas responsable du meurtre de Vanesa. Les responsables sont ceux qui l’ont tuée.

 

Des engagements à prendre

Combien de parcours de sortie aujourd’hui ? Combien de diagnostics sur la prostitution dans nos territoires ? Combien d’amendes ou de stages de responsabilisation pour les « clients ? Cette loi est encore jeune, peut-être imparfaite, et sans doute appliquée inégalement. Mais elle est le fruit d’une longue réflexion et d’un engagement abolitionniste et humaniste de notre pays. Chaque personne qui s’en sort est pour nous une victoire. Le chemin est encore long. Nous avons la ferme conviction que c’est le bon. Et qu’il n’y en a pas d’autres…

 

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La Fondation Scelles dans la presse

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