743 km for the abolition of prostitution

rosen 14octobre 2014Elle était partie seule, à pied, de Saintes le 3 septembre. Mais c'est avec plusieurs centaines de sympathisants que Rosen Hicher est arrivée à Paris dimanche 12 octobre.

En 34 jours et 743 km, Rosen a refait le parcours de ses années de prostitution. Du salon de massage de Saintes, dernier lieu de prostitution en 2009, au bar à hôtesse de la rue du Colisée où, en mars 1988, Rosen a vécu "(la) première passe, (le) premier client, (les) premiers pas dans l'enfer de la prostitution".

 

"Je voulais attirer l'attention sur la violence de la prostitution", a-t-elle rappelé devant la foule. Elle y a réussi. Jour après jour, des élus, des militants, des anonymes sont venus la rejoindre. Et tous les médias (presse / tv / radios) de France mais aussi d'Espagne, d'Allemagne, Suède, Nouvelle-Zélande... ont porté son message.

"Le Sénat piétine, Rosen marche"

L'objectif de Rosen Hicher était aussi de dénoncer le recul du Sénat sur la proposition de loi renforçant la lutte contre le système prostitutionnel :"Que les sénateurs se réveillent et bougent enfin ", a-t-elle lancé.

A ce jour, le processus parlementaire semble en effet stoppé. En juillet dernier, une commission spéciale du Sénat a rejeté la clause de pénalisation de l'achat de service sexuel, vidant ainsi de son sens l'ensemble de la proposition de loi, adoptée par l'Assemblée nationale en décembre 2013. Et, pour le moment, le texte n'est toujours pas inscrit à l'ordre du jour de la chambre haute du Parlement pour les prochaines semaines.

Pourtant, jamais un tel de degré de mobilisation n'a été atteint. Dimanche, les personnalités politiques étaient nombreuses à exprimer leur soutien à Rosen. Pascale Boistard, secrétaire d'Etat chargée des Droits des Femmes, Laurence Rossignol, secrétaire d'Etat en charge de la Famille, Jean-Luc Mélenchon, la députée Maud Olivier, rapporteure de la proposition de loi sur le système prostitutionnel, la sénatrice Laurence Cohen, et d'autres élu(e)s encore, se sont engagés à relayer l'appel de Rosen Hicher. Ce même dimanche, plus de deux cents maires et conseiller(ère)s municipaux(-ales) de tous bords politiques, dont la maire de Paris, Anne Hidalgo, ont lancé un manifeste pour appeler à une adoption rapide de la proposition de loi, avec la clause de pénalisation du client de la prostitution.

A l'approche du 18 octobre, journée européenne de lutte contre la traite des êtres humains, nous abolitionnistes, attendons un signe positif. Nous demandons que le travail parlementaire reprenne son cours. Nous demandons que le texte sur le système prostitutionnel soit inscrit à l'ordre du jour des travaux du Sénat pour un débat en assemblée plénière. Nous demandons que les 743 km parcourus par Rosen ne restent pas sans réponse.

Face à la foule des militants et des associations, Rosen a redit une nouvelle fois sa détermination : "Je ne quitterai pas Paris tant que je n'aurai pas eu une date de la part du Sénat. Je ne lâcherai rien sans résultats". Sera-t-elle entendue ?