25 novembre 2017 : la lutte contre les violences faites aux femmes devient Grande Cause nationale

Après l’affaire Weinstein et l’explosion du mouvement #BalanceTonPorc, après le débat sur l’âge du consentement sexuel des mineurs, on attendait une réponse forte du président de la République et du gouvernement en ce 25 novembre, journée internationale de lutte contre les violences faites aux femmes. La conférence organisée par l’Elysée pour le lancement de la « Grande cause du quinquennat pour l’égalité femmes-hommes » a été pleine de promesses. La Fondation Scelles est fière d’avoir assisté à cet événement qui fait enfin de la lutte contre les violences faites aux femmes une cause nationale.

 

 

Jamais la célébration de la journée internationale de lutte contre les violences faites aux femmes n’avait eu une telle ampleur et une telle solennité. Devant les membres du gouvernement, les parlementaires, les délégué·e·s des droits des femmes venu·e·s de toute la France, des représentant·e·s d’associations, des personnalités du monde des médias, de la médecine, de l’entreprise… (et une foule de journalistes), des engagements ont été pris, des paroles fortes ont été prononcées :

« Il est indispensable que la honte change de camp, a déclaré le Président Emmanuel Macron. Cette honte doit devenir celle des auteurs des violences, une honte civique, politique, une honte nationale (…) La France ne doit plus être un de ces pays où les femmes ont peur ».

La lutte contre les violences faites aux femmes devient ainsi un combat national, qui appelle la mobilisation de toutes et de tous  : « C’est notre société tout entière qui est malade du sexisme. L’Etat ne fait pas seul la culture d’une société (…). C’est par votre mobilisation que nous remporterons ce combat culturel (….) »

>>> A Lire : Discours du Président de la République à l'occasion de la journée internationale pour l'élimination de la violence à l'égard des femmes et du lancement de la grande cause du quinquennat

 

 

« Déconstruire la violence faite aux femmes »

Des axes d’actions ont été annoncés par Emmanuel Macron. L’éducation, dès le plus jeune âge, est au cœur du dispositif. Jean-Michel Blanquer participait d’ailleurs à la Conférence pour signifier l’implication du Ministère de l’Education nationale dans le combat. Parmi les mesures annoncées, des programmes formeront les enseignants, y compris les professionnels de la petite enfance, à la lutte contre les stéréotypes ; les parents et les familles seront aussi sensibilisés, dans le cadre scolaire, aux risques de cyber-harcèlement, aux contenus internet toujours plus pornographiques….

Autre volet d’action, l’accompagnement et le soutien des victimes. Sur les 225 000 femmes victimes, moins d’une femme sur 5 a porté plainte. Tout doit être fait pour faciliter le parcours des victimes, les aider et les protéger : « La justice viendra aux femmes et non l’inverse », a annoncé Emmanuel Macron. Et pour marquer l’importance de ce combat, le Président a appelé l’assistance à respecter une minute de silence en hommage aux 123 femmes mortes en 2016 sous les coups de leur compagnon ou ex-compagnon.

Enfin, l’appareil répressif sera renforcé. Parmi les mesures proposées, on peut retenir la création d’un délit d’outrage sexiste qui sanctionnera le harcèlement de rue, la réforme du délai de prescription des violences sexistes commises sur mineurs qui passera de 20 à 30 ans. Dans le débat autour de l’âge du consentement sexuel, le Président a proposé d’aligner le consentement sur l’âge de la majorité sexuelle, 15 ans.

A Lire >>> Prostitution = violence faite aux femmes (et aux hommes aussi !)

 

Le silence sur la prostitution

Dans ce programme, toutes les situations et toutes les formes de violences sexistes et sexuelles faites aux femmes sont prises en compte : harcèlement de rue, cyber-harcèlement, viol, agression sexuelle, et même la pornographie qui véhicule une image dégradante de la femme

On peut toutefois regretter que, dans cette large vision des violences et des stéréotypes, la prostitution et la traite des êtres humains n’aient pas été évoquées. « D’une situation de domination naît un droit à la violence », a constaté le Président Macron. Or la prostitution et la traite sexuelle, qui associent domination et violence, nourrissent les inégalités femmes / hommes. En 2010, année de Grande cause nationale, la prostitution avait été inscrite parmi les violences à combattre. Le 13 avril 2016, la loi n 2016-444 visant à renforcer la lutte contre le système prostitutionnel et à accompagner les personnes prostituées a reconnu la prostitution et la traite à des fins sexuelles comme une forme de violences faites aux femmes. On aurait aimé entendre la même reconnaissance sous les ors officiels de l’Elysée.

 

« Il y aura un avant et un après » le 25 novembre 2017, a commenté dans la presse Marlène Schiappa, Secrétaire d’Etat à l’Egalité entre les femmes et les hommes. Il est certain que ce 25 novembre aura marqué un tournant symbolique : un engagement a été pris, sur lesquel on ne pourra pas revenir.

Mais pour que cette journée devienne historique, il faut que les moyens nécessaires à la mise en œuvre de cette « Grande Cause du Quinquennat » soient décidés et engagés. Le Président a annoncé que le budget alloué aux droits des femmes sera augmenté en 2018 et sanctuarisé pendant tout le quinquennat. Mais ces moyens suffiront-ils alors que les associations sont exposées aux baisses de budget et que ce qui a été créé ces dernières années (les parcours de sortie de la prostitution par exemple) peine à se développer faute de crédits ? Quoi qu’il arrive, la Fondation Scelles veillera à ce que les engagements soient suivis d’effets concrets.

 

 

Rapport Mondial de la Fondation Scelles remis à Brigitte Macron

 

A l’occasion de la journée mondiale de lutte contre les violences faites aux femmes et du lancement de la « Grande cause du quinquennat pour l’égalité femmes-hommes », la Fondation Scelles, représentée par Catherine Goldmann, a eu l’honneur de remettre le 4e Rapport mondial « Prostitution : Exploitations, Persécutions, Répression » à Madame Brigitte Macron